Un projet utilisant des modèles de télédétection développés par
l’Agence
Spatiale Américaine (NASA) pour la gestion et le suivi des ressources
en eau a été lancé lundi, à Tunis, lors d’un atelier national organisé à
la Cité des Sciences en présence de
Shahid Habib et
Fritz Policelli,
experts de la NASA.
Il s’agit d’un projet du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM),
financé par un don d’un montant de 1050 mille dollars américains et
supervisé par le Centre Régional de Télédétection des Etats de l’Afrique
du Nord (CRTEAN) avec l’assistance technique de la NASA.
Le projet, qui s’étalera sur la période 2012- 2015 et dont le
démarrage effectif est prévu pour le premier trimestre de cette année,
prendra pour zone d’étude la région de Gafsa Nord. «Il sera étendu
ultérieurement à d’autres territoires de la Tunisie», a déclaré à la
TAP, Dr. Atef Belhaj Ali, coordinateur technique du projet.
Le choix de la zone d’étude, recommandé par le département de
l’agriculture, est dicté par le fait qu’elle est «une région peu connue
mais ou l’activité agricole s’intensifie, les recommandations du projet
peuvent donc servir pour la prise de mesures adéquates afin d’éviter une
surexploitation des ressources en eau dans l’irrigation», a avancé Dr
Belhaj Ali.
«La région est aussi intéressante et à explorer du point de vue scientifique», a-t-il encore dit.
Concrètement, le projet consiste en la gestion de la cartographie et
de la prévision des inondations (flood Mapping), des sécheresses et de
la désertification et du suivi de la consommation de l’eau dans le
domaine de l’agriculture irriguée.
La nouveauté du projet, est d’après son coordinateur technique,
«l’utilisation de nouvelles technologies de télédétection, des modèles
et des données des satellites de la NASA avec un re-calibrage
(rajustement) de ces modèles par les données sur terrain».
Ces données serviront ensuite pour intervenir, prendre les décisions
appropriées, concernant certaines zones, pour une meilleure gestion des
nappes et des ressources en eau en général.
Elles seront également utiles pour la mise en place de systèmes
d’alerte précoce concernant les inondations ou les sécheresses ou encore
pour l’identification des zones aquifères souterraines.
La Tunisie compte, selon une étude prospective du plan bleu, parmi
les pays qui se trouveront à l’horizon 2025, en situation de pénurie en
eau avec moins de 500 m3 de ressources renouvelables /habitant/an.
M. Habib Chaieb, responsable de la Direction Générale des Ressources
en Eau, (DGRE) a fait état de 91 zones surexploitées en Tunisie et de 55
nappes ou des opérations de recharge artificielle ont été effectuées.
La disponibilité actuelle des ressources en eau, en Tunisie, est de
450m3/ an par personne et elle baissera en 2025 à 350m3/an et par
personne.
Le secteur qui consomme le plus d’eau est celui de l’agriculture
(78%). Ce qui mènera aussi à réfléchir, selon des experts, sur les
problèmes de sécurité alimentaire à long terme.
Le pays dispose de ressources hydriques mobilisables, estimées à 2,5
milliards m3, 2,2 milliards m3 ont été déjà mobilisés à travers des
ouvrages hydrauliques (barrages, lacs collinaires, bassins...).
D’après des projections 2030 et 2050, la Tunisie va enregistrer des
réductions de précipitations de -11 (2030) à -29 à l’horizon 2050.
Le pays ne sera pas, ainsi, à l’abri des impacts des changements
climatiques dont les effets seront perceptibles à travers des périodes
sèches plus fréquentes, une réduction de 28% des ressources en eau d’ici
2030 (eaux souterraines) et de 5% pour les eaux de surface, un taux de
salinité des eaux plus élevé surtout celles des régions côtières et une
augmentation des températures à l’horizon 2050.
Ces projections mettent le pays dans l’obligation de développer de
nouveaux moyens de réactivité et de prospection et d’utiliser la
télédétection dans les recherches scientifiques, selon M Neji Fekih,
directeur du CRTEAN.
La technologie spatiale et la télédétection sont des moyens à
développer et à exploiter pour servir les causes du développement
durable et prévoir les phénomènes naturels et les changements
climatiques, a relevé M. Fekih.
«L’apport du projet est de transcender le simple suivi des eaux de
surface pour assurer aussi celui des ressources souterraines», a-t-il
dit, au sujet du projet de Gafsa Nord.
L’équipe du projet regroupe le Centre National de Cartographie et de
Télédétection (ministère de la Défense) et la Direction Générale des
ressources en Eaux (ministère de l’Agriculture).
L’accord de don a été signé entre le CRTEAN et la Banque Mondiale (BM) le 22 septembre 2011.